A trois reprises, notre interlocuteur présente ses excuses : «Vraiment désolé, ce n’est pas dans mes habitudes d’être en retard.» C’est à 11h03… au lieu de 11h00, qu’Elie Politi se présente à notre table d’un café levalloisien, ville où il réside. Ce jeune trentenaire amoureux de la ponctualité a fondé le tout nouveau Paris Korean Club, club privé d’amitié, et surtout de business, franco-coréen.

Inauguré en grande pompe le 27 février dernier à l’hôtel parisien Intercontinental, ce club d’affaires a réuni lors de sa première soirée certains convives de renom - Jacques Attali, Guillaume Sarkozy, Roger Karoutchi ou encore Ariel Wizman - parmi la cinquantaine d’invités et des membres de la société civile sud coréenne. Un carnet d’adresses que ce Lyonnais d’origine cultive sans relâche depuis ses années d’études dans le 6e arrondissement de Lyon : élève moyen, «pas bon en anglais», il se fait tout de même sa place au renommé lycée public du Parc en faisant le pont entre «les premiers de la classe» et «les élèves plus fêtards». De son propre aveu «déjà ambitieux», il comprend que s’il n’a «pas le niveau pour partir en classe préparatoire» comme ses autres camarades de lycée, il lui faut «partir à l’étranger» pour améliorer cet anglais lacunaire.

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Après les conférences blockchain, les salons IA se multiplient à Paris

Ce sera donc le Royaume-Uni, plus précisément Hull, terre de 260 000 âmes, où il donnera même des cours de français dans un lycée catholique : «C’était fake it until you make it (diction qui signifie “fais semblant jusqu’au moment où ça fonctionne”). Le gars ne sait pas parler anglais mais se retrouve à enseigner le français. Cela m’a forcé à apprendre l’anglais», se remémore-t-il. Ce premier départ l’incite à quitter Lyon pour de bon. «Je me suis rendu compte que Lyon n’était qu’une petite pastille, un petit confetti, et qu’il fallait que je parte : l’étranger ou Paris», nous confie-t-il. Ce sera la capitale de l’Hexagone. Débrouillard et à la recherche d’un premier poste, il file 60 euros à un voisin propriétaire d’une base de données d’entreprises pour diffuser son CV. Pas très RGPD mais efficace : il décroche un stage en marketing dans une compagnie d’assurances japonaise, Tokio Marine. Une fonction qui lui permet de toucher de loin à l’assurance événementielle. Dans la foulée, les expériences s’accumulent : L’Oréal, WeWork, les start-up d’outils marketing Mention et Blue Lemon, jusqu’à la Paris Blockchain Week, grande conférence annuelle dédiée aux technologies blockchain, où il est recruté par le directeur commercial, à l’époque l’entrepreneur Jérémy Simah. «J’arrive après la première édition de 2019, organisée à Station F, explique-t-il. Pour moi, cela cochait toutes les cases : il y avait du marketing, de la vente, de l’événementiel et on continue de parler beaucoup en anglais.» Il y restera quatre ans, contribuant à faire de l’événement une réussite d’un point de vue commercial.

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Jusqu'à 20 000 euros pour une adhésion

Surtout, il s’y forge un solide réseau, illustré par sa rencontre avec Harold Parisot, le président du Chinese Business Club, club d’affaires franco-chinois où l’on croise femmes et hommes d’Etat, grandes entreprises et financiers. Une entente entre les deux hommes se noue et lui permet d’échanger les invitations entre leurs contacts respectifs. «Harold n’avait pas le secteur blockchain au sein de son club et de mon côté, cela permettait à des patrons de ce secteur de découvrir le Chinese Business Club», développe Elie Politi. Déterminante, cette rencontre lui suggère de créer le Paris Korean Club pour faciliter les rapports entre les tissus économiques français et sud coréen, encouragé dans cette démarche par Suk-Jae Chang, responsable Europe de Cocone (leader sud-coréen de la vente d’avatars virtuels) et actuel consul de Corée du Sud en Estonie, alors en recherche de contacts de confiance sur le territoire français. «La Corée du Sud est très attirée par la France et la France cherche des partenaires alternatifs à la Chine : c’était donc évident de créer une association pour renforcer les liens diplomatiques entre les deux pays», justifie-t-il. L’entreprise de sa vie ? Son premier événement du 27 février lui a coûté 25 000 euros, «entièrement autofinancés». Le second se déroulera le 13 mai au Printemps Haussmann, en partenariat avec l'enseigne, et portera sur l’art de vivre à la coréenne et à la française. A terme, Elie Politi compte sur les adhésions des membres - à partir de 500 euros pour une personne individuelle, entre 5 000 et 20 000 euros pour une personne morale - pour pérenniser ce club d’affaires. Pour l’événement suivant, l’entrepreneur vise les Jeux olympiques et l’accueil de la délégation sud-coréenne. Sa liste d’invités ne devrait pas être difficile à remplir tant le jeune homme se plaît à renforcer son réseau d’influence. Sa clef ? «Je rends service et, dès que j’en rends un, je demande un contact à cette personne immédiatement, répond-il candidement. Cela va vite car lorsque l’on a aidé une personne, elle est naturellement encline à rendre la pareille. Mettre en relation, c’est que j’adore faire et je veux en faire mon métier.» Les dents sont longues et aiguisées.