Vous êtes Auvergnat ? Chti ? Toulousain ? Strasbourgeois ? Vous ne le savez peut-être pas, mais vous vivez, en compagnie de ces privilégiés de Franciliens, dans l’une des 15 régions européennes plébiscitées en 2023 par les entreprises étrangères pour investir. Rien que ça ! Cinq régions françaises - Auvergne Rhône Alpes (Aura), Grand Est, Hauts de France, Occitanie et Ile-de-France - figurent en effet en bonne place dans ce classement publié par le cabinet EY ce jeudi 2 mai.

Un palmarès élaboré non pas sur la base d’investissements réalisés mais de projets annoncés en 2023 par des entreprises étrangères. «Nous voulons prendre la température des entreprises au moment où elles prennent la décision d’investir», explique à Capital Marc Lhermitte, associé chez EY. Tout en promettant que, «dans cinq ans, nous regarderons quels investissements auront effectivement été réalisés, comme nous le faisons à chaque fois que nous éditons cette étude». Il ne nourrit pas d’inquiétudes quant aux promesses des entreprises étrangères d’investir dans les territoires français : «exception faite des années de Covid, il y a généralement peu d’écart entre les projets d’investissement et leur réalisation».

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«La région Aura est à la place qui lui revient»

Des projets qui profiteront en premier lieu à la région capitale, celle-ci concentrant le quart des 1 194 investissements en France annoncés l’an dernier par des groupes étrangers. Avec 300 projets, l’Ile de France occupe la deuxième place du palmarès des régions européennes les plus attrayantes, derrière le Grand Londres. Quoi de plus normal pour la première région économique de France, qui attire des implantations de sièges sociaux et de centres de recherche et développement ? Logique, également, que son challenger, l’Auvergne Rhône Alpes, deuxième région économique de France, se hisse à la quatrième place du classement, avec 167 projets, non loin de la Rhénanie du Nord Westphalie. Lyon, Grenoble, Clermont-Ferrand, Saint-Etienne… «La région Aura est à la place qui lui revient, avec un profil un peu plus industriel que celui de l’Ile de France», souligne Marc Lhermitte.

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L’Occitanie non plus n’a pas volé son rang de 13eme région favorite des entreprises étrangères désireuses d’investir en Europe, avec 102 projets recensés en 2023. Toulouse, ce n’est pas seulement la ville rose et sa place du Capitole, c’est aussi le fief d’Airbus. Sans oublier, en descendant vers la Méditerranée, le bassin économique et technologique de Montpellier.

Devenir l’employeur de référence d’un territoire

Les deux dernières régions françaises préférées des entreprises étrangères ne sont donc ni la Nouvelle-Aquitaine, ni la région PACA. Il s’agit bel et bien des Hauts-de-France et du Grand Est, pourtant davantage connus pour leurs lourdes restructurations industrielles. Justement, en réaction à leur désindustrialisation, «il y a eu une mobilisation dans ces régions, qui, au-delà de la volonté politique de leurs élus, disposent de véritables savoir-faire», explique Marc Lhermitte. Cela n’a pas échappé au taïwanais ProLogium, qui a annoncé l’an dernier son intention d’investir 5,2 milliards d’euros dans l’installation d’une usine de batteries électriques à Dunkerque, avec 3 000 emplois à la clé.

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Avec ses moins de 90 000 habitants, Dunkerque est emblématique d’une tendance pas forcément intuitive, celle des entreprises étrangères prêtes à investir en zones semi-rurales ou dans des villes moyennes. En 2023, sur la totalité des projets d’investissements étrangers en France, pas moins de 45% ciblaient des bassins de moins de 200 000 habitants. «C’est la rançon du succès des grandes métropoles, où le foncier et l’emploi sont devenus des denrées rares. Dans les grandes villes où le taux de chômage n’excède pas 4 à 5%, les entreprises étrangères ne peuvent pas recruter rapidement une cinquantaine ou une soixantaine de personnes», décrypte Marc Lhermitte. Mais ce n’est pas seulement par défaut que les entreprises étrangères se replient dans des villes plus petites. «Les industriels étrangers, qui viennent du Kansas, de Caroline du Nord, ou encore de Chine, aiment bien faire leur nid dans des territoires plus éloignés où ils deviennent l’employeur de référence», analyse l’associé d’EY. Comme Haribo à Marseille Nord, Verallia à Albi ou Novo Nordisk à Chartres. Pardon, «Novo», pour les Chartrains.