«Les grands oubliés.» C’est cette expression que quatre fédérations représentant le secteur associatif de l’aide à domicile (Adédom, l’ADMR, la FNAAFP/CSF et l’Una) ont employée dans un communiqué commun, le 25 avril dernier. Elles regrettent que l’aide de 650 millions d’euros (dont 100 millions de fonds d’urgence) annoncée le 23 avril dernier ne bénéficie qu’aux Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), excluant ainsi les services d’aide à domicile. «Ce qui est paradoxal, quand on sait que le gouvernement ne cesse de répéter qu’il veut un virage domiciliaire», juge Jérôme Perrin, directeur du développement et de la qualité pour l’ADMR. «Par sa décision, la ministre (Fadila Khattabi, en charge des personnes âgées et handicapées, NDLR) occulte les services à domicile et acte une politique de l’autonomie à deux vitesses», abondent les quatre fédérations, dans leur communiqué.

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Comme les Ehpad, les services d’aide à domicile rencontrent des difficultés financières inédites. Déjà, l’été dernier, le gouvernement avait mis en place un fonds d’urgence de 100 millions d’euros pour aider les structures les plus en difficulté. Ce dernier était ouvert aux Ehpad, comme aux services à domicile. En théorie seulement, puisque même si aucun chiffre officiel n’a encore été communiqué, il semblerait que la majeure partie de ce fonds ait bénéficié aux Ehpad.

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De plus en plus de fermetures de structures ?

Pour cette deuxième vague de fonds d’urgence, la couleur est annoncée d’entrée. Il n’y aura rien pour les services à domicile qui, pourtant, s’éteignent à petit feu. «Parmi les 3 600 structures de notre fédération, l’année dernière, 240 ont été défaillantes. Je n’ai jamais vu ça», s’alarme Julien Jourdan, directeur général de la Fédésap (Fédération des services à la personne et de proximité). Aucune structure n’est épargnée, que ce soit à la campagne ou en ville, qu’il s’agisse d’un établissement de taille importante ou plus petit. «Ces structures ne sont pas rachetées, on les perd définitivement. Nous voyons les services d’aide à domicile fondre comme neige au soleil», regrette le directeur général.

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L’ensemble des acteurs s’accordent pour dire que c’est la tarification dans sa globalité qu’il faut revoir pour assurer la pérennité financière des structures. Le système est complexe car qu’ils soient publics, privés ou associatifs, ces services sont en partie financés par les départements. Ils doivent jongler entre les financements des départements qui ne sont pas toujours à la hauteur des besoins et des augmentations de tarifs qui sont plafonnées pour le public et l’associatif.

Bilan des courses : face à cette équation quasi-insoluble, les directeurs d’établissement sont parfois obligés de mettre la clé sous la porte. Alors, en attendant une réforme plus globale des tarifs, avec le lancement d’une expérimentation dans dix départements d’une dotation globale versée aux structures, les acteurs appellent de nouveau à la mise en place d’un fonds d’urgence de 100 millions d’euros. Et ce, «afin d’éviter d’étendre davantage les déserts médico-sociaux, qui se créent sous nos yeux faute d’une réelle volonté politique», plaident les fédérations associatives.